Réinventer Noël : Festivités et Sobriété, un mélange parfait

Noël est une période magique, remplie de joie et de partage. Et si cette année, nous choisissions de célébrer autrement, en invitant plus de sobriété aux festivités ?

D’après une étude de l’ADEME, seuls 17% des Français disent penser à l’écologie au moment des fêtes, soit moins d’un Français sur cinq. Pourtant, nos petits plaisirs ne sont malheureusement pas sans conséquences pour notre belle planète.

Qu’est-ce que signifie « sobriété » ? Ce terme est souvent perçu négativement, comme quelqu’un qui viendrait casser l’ambiance de votre soirée, alors qu’en réalité, il rime avec « durabilité » et prend soin de votre santé, celle des futures générations, et même de votre porte-monnaie !

Par définition, la sobriété amène de la « tempérance », de la « mesure » ou de la « modération » dans nos actions pour notamment éviter les excès qui peuvent nuire. Selon le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en avril 2022, la sobriété est « l’ensemble des mesures et de pratiques quotidiennes qui permettent d’éviter l’utilisation d’énergie, de matériaux, de terres et d’eau tout en garantissant le bien-être de tous dans le cadre des limites planétaires ». Concernant le climat, la sobriété aide donc à limiter : la pollution, l’épuisement des ressources…

Alors que représente-t-elle pendant Noël et comment l’intégrer à sa fête pour en conserver la magie ?

Dans cet article, nous vous partageons les impacts environnementaux des différentes traditions de Noël, ainsi que des conseils et alternatives simples afin d’avoir une célébration plus responsable et respectueuses de l’environnement. Moins d’excès, plus de plaisir et de simplicité, pour un Noël qui fait du bien à la planète et à notre cœur !

 

L’impact écologique de Noël en France et dans le monde

Avant de vous fournir des conseils efficaces pour réduire l’empreinte carbone de Noël, il est intéressant de connaître un peu de contexte et de chiffres clés sur l’impact écologique de cette fête.

Selon l’ADEME, à l’occasion de cette célébration, les Français émettent près de 6,3 millions de tonnes équivalent CO2 (CO2e), soit 1 % de l’ensemble des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES).

 

Chiffres Noël Ademe

Cette empreinte carbone globale a été analysée pour comprendre d’où viennent les émissions de gaz à effet de serre les plus importantes parmi nos habitudes de Noël, voici le résultat :

-Cadeaux (57 % des émissions)

-Déplacements (25 %)

-Alimentation (15 %)

-Décorations (2 %)

-Déchets (1 %)

Avec une moyenne de 94kg de CO2 émis en moyenne par personne en France pendant les fêtes de fin d’année, nous ne sommes pas les « pires élèves », cependant, cela reste un nombre excessif pour une célébration de courte durée car cela représente 21 allers-retours Paris-Marseille en TGV.

Les Britanniques émettent près de 7 fois plus de CO2 à cette période avec un score moyen de 650kg de CO2 émis par personne, les cadeaux à eux seuls représentant 310kg du total de CO2 émis par personne. Au total, les 3 jours de fête pèsent pour 5,5% de l’empreinte carbone annuelle du pays.

En Bavière, en Allemagne, on constate chaque année une augmentation de 10 à 15% de déchets, à cause des arbres de Noël, pub, papiers cadeaux, emballages…

En Espagne, 1 million de tonnes de papier et de cartons sont produits en décembre et janvier, 25% de plus que le reste de l’année, mais ceux-ci ne sont souvent pas recyclables.

Aux Etats-Unis, il faut 6,6 milliards de kilowattheures rien que pour les guirlandes de Noël. Cela représente normalement l’éclairage de 800 000 foyers américains pendant 1 an.

En parlant d’éclairage, d’où vient la tradition des guirlandes lumineuses de Noël ?

 

La culture des lumières à Noël

Le XVIIIème siècle ne doit pas son nom de « siècle des lumières » aux philosophes seuls, nous pouvons également l’appeler ainsi grâce aux nombreux progrès qui se sont faits concernant l’éclairage :

Le réverbère est apparu en 1763 en France ; en 1776 ce n’est pas moins de 7000 lanternes à bougies environ qui éclairent Paris, et 6000 becs à gaz servant de lampadaire sont aussi installés.
A cette époque, un bon éclairage, notamment des rues, est synonyme de souveraineté, de démocratie, de réjouissance, de luxe, de sécurité, de salubrité et de modernité.

Dès 1840, la place de la Concorde et les Champs-Élysées sont embellis, les contre-allées finalement éclairées. Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que l’électricité fera son apparition et notamment en tant qu’éclairage public, mais uniquement dans des lieux très prisés.

C’est à l’exposition internationale de 1881 que l’électricité devient un service véritablement universel. La lumière devient alors un outil incroyable de publicité et permet de captiver les regards des personnes en les invitant à pénétrer à l’intérieur des boutiques.
Les lumières deviennent par la même occasion, des symboles de fêtes et de réjouissances.

En 1882, Edward Hibberd Johnson associé de Thomas Edison, crée la première guirlande électrique à New-York. Les décorations lumineuses deviennent alors très rapidement une tradition à Noël.

Aujourd’hui, des maisons, appartements, et presque tous les grands magasins du monde, incluant les Galeries Lafayette, Printemps, et la Samaritaine en France, arborent fièrement leurs décorations lumineuses de milliers de petites ampoules.

 

Les conseils pour un Noël plus responsable et magique

Quand Noël nous vient à l’esprit, nous pensons souvent au sapin, aux décorations en tout genre, aux cadeaux, au repas en plusieurs étapes… et ceux-ci, comme nous avons pu le constater dans la première partie, émettent plus ou moins de gaz à effet de serre.

Voyons ensemble comment réduire au maximum leur impact sur l’environnement tout en conservant la joie qu’ils partagent.

 

Les cadeaux

La première place d’émissions de gaz à effet de serre pendant Noël, revient aux cadeaux.

Les Français offrent en moyenne 6,5 cadeaux, soit une estimation d’environ 300 millions de cadeaux offerts chaque année à Noël.

Les cadeaux les plus offerts pendant cette période en France sont les textiles (39%), les jouets (19%) et les livres (18%).

Parmi les cadeaux avec une plus faible empreinte carbone, les livres n’émettent que 2 % des GES, contre un bilan désastreux de 30% d’émissions des GES pour les produits électroniques et les bijoux alors qu’ils ne représentent que 4 % des cadeaux offerts à Noël.

 

Nos conseils pour les cadeaux :

-Se renseigner sur les goûts du destinataire afin d’éviter de faire un cadeau qui ne plaira pas et finira, non recyclé, à la poubelle. D’après une étude, 27% des Français déclarent avoir reçu des cadeaux qu’ils n’utilisent jamais. C’est 12 millions de cadeaux qui sont jugés inutiles chaque année, dont un peu moins d’un million jeté directement à la poubelle.

-Offrir un cadeau utile : un livre, une plante, du savon, des choses qui se mangent (si possible locales, bio, ou de commerce équitable) …

-Faire un Noël canadien ou « Secret Santa », pour faire plaisir en n’offrant qu’un seul cadeau.

-Offrir un cadeau plus écolo, en misant sur des produits porteurs de labels environnementaux, fabriqués avec des matériaux plus écoresponsables…

-Faire un cadeau dématérialisé / offrir une expérience : cours de cuisine, un moment bien-être, un abonnement à un service culturel (musée, théâtre…), etc.

-Choisir un cadeau de seconde main : les Français sont de plus en plus nombreux à y avoir recours tout au long de l’année.

Quid du traditionnel papier cadeau ? Vous pouvez le remplacer par des alternatives durables comme des pages de journal ou de magazines, des sacs en tissu réutilisables, ou avec la technique japonaise du furoshiki qui utilise des beaux tissus pour envelopper les cadeaux. Ces alternatives sont non seulement zéro déchet, mais elles ajoutent également une touche d’originalité.

 

Le repas

L’impact du choix de l’alimentation dans les émissions de GES est souvent sous-estimé, et pourtant, quotidiennement et davantage pendant Noël, il fait partie des premières places les plus émettrices.

On penserait que la viande émet le plus de CO2, mais ce sont les desserts qui constituent la plus importante source de gaz à effet de serre au repas de Noël. En effet, le chocolat et le beurre ont un bilan carbone du même ordre de grandeur que le foie gras, et deux à trois fois plus élevé que la volaille ou le gibier (l’agneau reste l’aliment le plus émetteur de CO2e).

 

Nos conseils pour le repas :

-Réduire la quantité. D’après une étude, 83% des repas sont préparés en quantité excessive par rapport au nombre de convives et risquent d’être gaspillés. Or, selon le cabinet Goodwill-management et l’ADEME, en évitant de jeter de la nourriture, on peut réduire jusqu’à 20 % des émissions d’un repas !

-Adapter le menu en remplaçant les aliments les plus émetteurs. En partant d’un repas traditionnel de référence (foie gras et coquilles Saint-Jacques, pintade aux champignons, fromage et bûche pâtissière), l’ADEME propose l’alternative suivante :

Remplacer le foie gras par du saumon fumé et la bûche pâtissière par une bûche glacée permet de réduire les émissions de 43 % ;

Préparer un repas végétarien (feuilletés de chèvre chaud au miel, risotto de champignons au tofu fumé et à la fourme d’Ambert, fromage et bûche glacée) permet de réduire les émissions de 65 %.

 

Le sapin

C’est la star de Noël et suscite un questionnement chaque année : sapin naturel ou sapin en plastique ? Pourtant, la réponse est déjà là !

En 2009, le cabinet de conseil québécois spécialisé en développement durable Ellipsos a publié l’analyse du cycle de vie d’un sapin naturel et d’un sapin artificiel. Le sapin artificiel conservé 6 ans émet 8,1 kg eqCO2 contre 3,1 kg eqCO2 pour un sapin naturel à racheter chaque année.

Les Danois aussi ont leur étude faite en 2022 et ont estimé que le sapin naturel Nordmann avait une moyenne d’émission CO2 de 2,6 kg sur l’ensemble de sa vie puisque pendant ses années de croissance, il a permis d’absorber 0,6 kg de CO2.

Si le choix est porté sur un sapin en plastique, il faudrait le garder au moins 16 ans selon l’ADEME pour qu’il devienne avantageux par rapport à un sapin naturel en termes de bilan carbone. Or, en moyenne, les sapins artificiels sont gardés 8 ans.

Choisir un sapin naturel est donc la solution recommandée et c’est tant mieux car actuellement, les sapins naturels représentent 85% du marché d’achat de sapin en France.

 

Nos conseils pour le sapin :

-Si vous achetez un sapin naturel, privilégiez les labels « Plante bleue », certifiant des conditions d’exploitation raisonnées, ou Label Rouge, qui garantit un abattage après le 21 novembre et une densité de plantation moins élevée.

Évitez de colorer votre sapin naturel ou de le saupoudrer de neige artificielle. Ainsi recouvert de produits chimiques, le sapin n’aura d’autre choix que d’être incinéré avec les ordures ménagères au lieu d’être utilisé pour d’autres usages.

Attention également à la fin de vie du sapin : 16% des sapins sont simplement jetés, 44% sont déposés à un point de collecte et 31% sont recyclés directement par les consommateurs en bois de cheminée ou compost.

-Si vous voulez avoir un sapin encore plus écologique, vous pouvez le fabriquer avec des matériaux recyclés : morceaux de bois, livres, bouteilles, etc.

 

Les décorations et guirlandes lumineuses

Pour ressentir davantage l’esprit magique de Noël, il est commun d’utiliser des décorations spécifiques à cette période, et en particulier des éléments lumineux, comme des guirlandes. D’après l’ADEME, les illuminations de Noël des intérieurs et des extérieurs par les ménages en France représentent une consommation de 75 (Gwh) Gigawattheures par an 7 (soit 75 millions de kWh).

Près de 8 Français sur 10 en installent dans leur logement et le plus souvent sur le sapin. Mais il faut décorer ces derniers… Dès lors, 4,2 millions de foyers ont recours à des décorations lumineuses, généralement allumées durant toute la période des fêtes.

Selon l’ADEME, ces guirlandes lumineuses restent allumées 178 heures en moyenne durant les fêtes.

En plus de consommer de l’énergie chaque jour, elles ont un impact sur les factures et peuvent contribuer à la pollution lumineuse dans les villes.

Leur impact écologique dépend principalement de trois facteurs : la puissance des décorations lumineuses (en watts), le nombre d’heures d’utilisation quotidienne, la durée d’utilisation totale (le nombre de jours où elles seront allumées).

Les décorations lumineuses extérieures plus « imposantes », comme les rennes lumineux, projecteur, lanterne, étoiles clignotantes ou encore les guirlandes électriques de façade, peuvent rapidement devenir énergivores en raison de leur taille et de leur durée d’éclairage. Une installation complète fonctionnant 5 heures par jour sur 20 jours pourrait vous coûter plus de 10 € pour la période des fêtes.

 

Nos conseils pour les décorations lumineuses :

-Si vous souhaitez avoir une guirlande lumineuse, choisissez en une avec des ampoules LED ou solaire.

Une guirlande LED de 100 ampoules consomme environ 5 à 10 watts, contre 40 à 70 watts pour une guirlande à ampoules incandescentes.

De plus, ces guirlandes sont plus durables et impactent moins le porte-monnaie. Par exemple :

5 guirlandes LED de 10 watts utilisées 6 heures par jour pendant 30 jours consommeront environ 9 kWh, soit 1,80 €.

En revanche, 5 guirlandes classiques de 50 watts dans les mêmes conditions consommeront 45 kWh, pour un coût d’environ 9 €.

-Utilisez une minuterie pour automatiser l’allumage et l’extinction de toute décoration lumineuse. Cela permet d’éviter qu’elles restent inutilement allumées à certains moments de la journée et la nuit.

-Limitez les excès : concentrez les décorations dans des zones stratégiques pour un maximum d’effet avec un minimum de guirlandes.

 

 

Derrière le concept de sobriété énergétique, finalement, il y a une idée simple… La meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas. Tout simplement !  Il existe de nombreux gestes que l’on peut appliquer au quotidien pour tendre vers cette fameuse sobriété.

L’enjeu est de trouver un équilibre entre tradition et innovation, permettant de célébrer les fêtes de fin d’année de manière responsable et joyeuse. Ainsi, chacun peut contribuer à un avenir plus durable, sans pour autant sacrifier l’esprit festif qui caractérise cette période si spéciale de l’année.

Pour aller encore plus loin dans votre démarche de sobriété pendant ces festivités, vous pouvez également consulter les guides et ressources suivantes :

– « Votre calendrier de l’Avent : à chaque jour son économie d’énergie ! »

EDF a partagé 24 conseils pour économiser de l’énergie en amont de Noël https://particulier.edf.fr/fr/accueil/guide-energie/marche-energie/economie-energie.html

 

-Une vidéo du média « Brut » qui récapitule les chiffres clés de « l’impact de Noël sur l’environnement » https://www.youtube.com/watch?v=Dwf5qdCk24w

 

-Un dossier de presse de l’ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes) intitulé « Plus de sobriété… pour les décorations lumineuses de fin d’année » https://medias.amf.asso.fr/upload/files/ANPCEN_20221114_DecorationsFindAnnee.pdf

 

-L’étude de l’ADEME  « Les impacts environnementaux des fêtes de fin d’année »

https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/5963-les-impacts-environnementaux-des-fetes-de-fin-d-annee.html

 

Sources

Le Monde, « Quel est l’impact carbone des fêtes ? Sapin, bûche, cadeaux… où se cache le CO₂ ? » (10 décembre 2023) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/12/10/quel-est-l-impact-carbone-des-fetes-sapin-buche-cadeaux-ou-se-cache-le-co_6204962_4355770.html

ADEME, « SOBRIÉTÉ : COMMENT CONCILIER MAGIE DE NOËL ET ÉCOLOGIE ? » (1er décembre 2022) https://www.ademe.fr/presse/communique-national/sobriete-comment-concilier-magie-de-noel-et-ecologie/

Le Figaro, « Combien d’électricité consomment les guirlandes de Noël ? » (12 décembre 2024) https://www.lefigaro.fr/maison/combien-d-electricite-consomment-les-guirlandes-de-noel-20241212?msockid=22edc77872cc6b3f2e1ed22a73786a6d

20 minutes, « Guirlandes électriques, boules lumineuses : combien consomment vraiment vos décorations de Noël ? » (1er décembre 2024) https://maison.20minutes.fr/mm59907-guirlandes-electriques-boules-lumineuses-combien-consomment-vraiment-vos-decorations-de-noel/

Que choisir, « Lequel a le plus faible impact carbone ? » (3 décembre 2024) https://www.quechoisir.org/actualite-sapin-naturel-ou-sapin-artificiel-lequel-a-le-plus-faible-impact-carbone-n132898/

Futura Sciences, « Sapin de noël naturel ou artificiel, quel est le plus écologique ? » (27 novembre 2024) https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/eco-consomation-sapin-noel-naturel-artificiel-plus-ecologique-1037/

Les écolos imparfaits, « Le père Noël est-il vraiment une ordure ? L’impact de Noël sur la planète en chiffres » https://les-ecolos-imparfaits.com/impact-fetes-noel-sur-planete/

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